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J.B. PERSILLON : "ÉVOLUTION DES MOEURS FUNÉRAIRES ET DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE"





Notre article sur la présentation de l’église Saint-Vincent de Paul de Morcenx a suscité un grand intérêt parmi nos lecteurs. Nous y parlions notamment de « la fonction sociale assumée » de l’église dans « l’accompagnement des fidèles de vie à trépas ».


Nous avons recueilli la réaction de Jean-Bernard PERSILLON, laïc morcenais à la retraite, qui a pu conduire bénévolement plus de 200 obsèques dans cette église pendant 14 ans.


« J’ai apprécié cette assertion de fonction sociale assumée et l’approuve… Mais qu’en sera-t-il dans quelques temps, compte tenu de l’évolution des moeurs funéraires et du manque croissant de prêtres catholiques ?

Depuis plusieurs décennies, un changement des moeurs funéraires s’instaure de plus en plus. Il se manifeste davantage par un assortiment de coutumes anciennes et nouvelles que la laïcisation radicale des obsèques, même « si l’enterrement laïc » (sans référent religieux) représente un tiers de celles-ci : funérarium, crématorium, columbarium, jardins du souvenir, cimetières… En 1963, elle a autorisé la crémation (incinération du cercueil et broyage des cendres) et depuis trente ans, elle connaît une progression impressionnante, moins par idéologie que par souci de ne pas peser sur les générations suivantes en leur évitant l’entretien d’une tombe. Ce besoin de rites face à la mort risque-t-il de s’estomper demain ? « Face à la souffrance de la perte d’un proche, comment faire quand il n’y a plus une épaule sur laquelle s’appuyer ? Comment faire sans un système de valeur solide ? » s’interroge Jérôme Fourquet, sondeur de l’Ifop. « Même les athées évoquent la présence des proches décédés, car cela aide à combler le vide et à faire leur deuil ». A ses yeux « Les grands systèmes de valeurs : le catholicisme et l’athéisme militant font moins recette. Cette situation profite aux agnostiques, à ceux qui doutent et qui s’accrochent à ce qu’ils peuvent face à la mort ». Sans être totalement effacée, la part « traditionnellement » réservée à l’Eglise se voit rabotée. Les personnes réclament des « cérémonies minimalistes, de type petites prières, petites bénédictions, derniers hommages » observe l’historien Guillaume Cuchet.


Devant l’hémorragie croissante du manque de prêtres et à la suite du Concile Vatican II, bien des évêques ont habilité des laïcs à conduire des obsèques religieuses. La formation qui est prévue à cet effet apporte un éclairage sur les textes bibliques et sur la pastorale des funérailles mais n’apprend pas à gérer l’appréhension, à maîtriser ses émotions, à susciter la confiance, à engager l’empathie, à respecter les sensibilités ou les croyances… C’est l’apanage de chacun, son charisme personnel, avec l’aide de l’équipe des funérailles, dévouée et bénévole elle aussi. Ayant été élevé dans l’amour, le travail et le partage, avec l’idée qu’il fallait aider les autres, cette « mission » me convient : témoigner de la compassion, porter un peu de consolation, apporter cette paix, voire cette espérance pour les croyants. Les familles endeuillées sont croyantes mais non pratiquantes pour la plupart. L’Eglise leur fait un peu peur, elles ne s’y sentent pas à leur place, un laïc les rassure. Mon rôle ? Les rejoindre là où elles en sont, partager leur intimité, les écouter, apprendre à les comprendre, à les connaître, à les rassurer aussi. Un jour ma vanité a été flattée. Une dame, qui avait assisté à des obsèques d’une parente, quelques jours auparavant, m’a interpellé dans la rue pour me confier : « vous m’avez réconciliée avec l’Eglise ! ». Paradoxalement, c’est la mort qui confère sens et valeur à la vie. Le deuil est un moment de grande vulnérabilité pour les familles, où chacun est obligé de s’arrêter et de s’ouvrir à ce qui se vit. Et, le rituel chrétien permet de traduire par des gestes et des symboles que la vie est plus forte que la mort, que l’amour ne meurt pas ! Malgré l’effondrement de la matrice catholique, le sondeur précise qu’il y a une forte augmentation du nombre de Français qui s’interrogent sur une possible vie après la mort ».

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