LE DÉBAT D'ORIENTATION BUDGÉTAIRE TRANSFORMÉ EN MONOLOGUE
- La Nouvelle Morcenx
- 27 févr.
- 3 min de lecture

A l’occasion du débat d’orientation budgétaire - qui relève d’une obligation statuaire - tenu au cours du conseil municipal du 25 février 2025 et présenté par le maire-adjoint aux finances (par ailleurs président de la communauté de communes), nous avons assisté à un bel exercice d’autosatisfaction, ponctué de multiples références au sérieux et à la rigueur qui caractérisent, c’est bien connu, la gestion de la commune.
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Pour s’assurer que les citoyens lambdas adhèrent à l’argumentation, ont été présentées plusieurs graphiques qui n’hésitent pas à remonter à 2019, sous l’ancienne mandature pour démontrer que l’on vit désormais dans le meilleur des mondes. L’orateur a expliqué que la fiscalité n’augmentera pas en 2025 (après l’avoir bien augmenté en 2023, puis après avoir créé en 2024 un nouvel impôt concernant le ramassage des ordures ménagères des professionnels et artisans, et après avoir lourdement augmenté la taxe de séjour). Il a expliqué que la commune a constitué un bas de laine record de 3 millions d’euros en 2022; les investissements engagés n’étant pas encore payés, et s’est félicité de la réalisation des études engagées pour monter les futurs projets dans la mesure où « l’élu n’est pas omniscient » et où ces fameuses études sont soit-disant exigées des partenaires institutionnels pour obtenir des subventions. Or, quand on voit des études durer sur plusieurs années, coûter plusieurs centaines de milliers d’euros, ne pas être publiées et ne déboucher sur rien, c’est à se demander de qui on se moque.
En réalité, et contrairement aux discours alarmistes des élus, on s’aperçoit que les dotations de l’Etat stagnent malgré le contexte national. On constate aussi que le fameux « bas de laine » a perdu 700.000 euros sur l’exercice 2024 et qu’il perdra encore au moins 350.000 euros en 2025 selon les prévisions afin d’équilibrer le futur budget.
On apprend qu’il va falloir faire face à deux phénomènes : l’augmentation des dépenses de fonctionnement (+261.000 euros), l’augmentation de la masse salariale à cause de la revalorisation du point d’indice, du coût des retraites, et du coût des assurances, et de la baisse des recettes (-224.000 euros). Finalement, on se serait cru à Bercy. C’est le même problème qu’avec le Gouvernement qui a expliqué sa dette colossale par une mauvaise prévision de ses recettes.
Par ailleurs, on sait également que les syndicats mixtes (dont celui qui gère les activités du lac d’Arjuzanx) vont demander plus de moyens aux collectivités pour faire face à leurs dépenses et à la réduction des subventions des partenaires institutionnels (département, région). On sait aussi que les nouvelles infrastructures vont avoir des coûts d’exploitation à intégrer au budget communal. Prenons l’exemple de la micro-crèche (MAM) : le coût annuel est estimé à 55.000 euros en 2025 sur une première diapositive projetée au public, dans la suivante, pour la même période, le coût annuel est annoncé à 100.000 euros… Vous apprécierez le sérieux et la rigueur de l’exposé ! Et c’est sans compter sur le fait que la MAM ne rapportera rien pendant les nombreuses années où il faudra payer son coût d’investissement. Ce que l’on sait enfin c’est que, dans ces circonstances, le remboursement de la dette sera fortement ralenti.
Le Maire explique aussi que, « malgré l’excellente santé financière de la commune » certains projets ne pourront pas être mis en oeuvre. Il va falloir faire des arbitrages. Pour cela, il propose une méthode étonnante : « Garrosse avait une capacité financière qui lui a permis de porter des projets depuis bien plus longtemps que les autres… Arjuzanx a été très bien servi…Il est important d’accompagner Sindères d’ici à 1 ou 2 ans…A Morcenx, commune centre, on essaie de faire avec parcimonie et d’équilibrer les choses le plus correctement possible…Notre objectif, c’est d’équilibrer les choses… ». Si vous possédez la grille de décodage, merci de nous la fournir. Certaines communes oubliées se seraient-elle plaintes d’être les dindons de la farce de la fusion-absorption de 2019. Cela y ressemble beaucoup.
Ce qui apparaît comme certain, puisque les projets ne sont plus inscrits au budget prévisionnel, c’est que les élus renoncent à la salle de boxe, à la rénovation de la salle des fêtes d’Arjuzanx et de l’église. Sont en suspend également les 240.000 euros pour la revitalisation du centre-bourg ainsi que les 244.754,62 euros destinés à la transition écologique.
Après quelques allusions sur les faits et gestes de Messieurs Trump et Poutine (il aurait été surprenant que le Maire ne commente pas l’actualité internationale), il demande aux élus s’ils ont des questions. Mais ceux-ci ayant travaillé toute une journée en commission des finances sont muets.
En l’absence des élus dits d’opposition, aucun élu de la liste majoritaire n’a alors souhaité s’exprimer. Le mal nommé débat d’orientation budgétaire s’est alors transformé en exposé magistral, et pour conclure en monologue d’orientation, comme d’habitude.




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