N°15 : LES "FRÈRES LÉON" GÈRENT LA VILLE

Nous sommes le 22 février 1936, deux mois avant la victoire du Front populaire aux élections législatives. Morcenx se dote d’un nouveau maire dont le nom résonne encore dans les mémoires. Il s’agit de Léon Brouste, né à Morcenx le 2 juillet 1903. Ses parents sont des commerçants relativement aisés. Il entre en politique très jeune et milite au sein du Parti radical socialiste qui, dans la ville, est bien implanté dans l’artisanat et surtout le commerce. Les Radicaux socialistes sont la force politique dominante au quartier de la gare habité surtout par les ouvriers du chemin de fer. En 1929, à 26 ans, Léon Brouste prend la succession de son père, Armand, au sein du Conseil municipal. En 1935, le radical socialiste André Lacouture mène une liste sur laquelle figure Léon Brouste mais aussi Léon Garbay. Ce dernier, orphelin né le 30 avril 1903, profondément attaché à la lutte des classes, élevé en partie par sa grand-mère et la mère de Léon Brouste, se considère comme « frère de lait ». Devenus adultes et hommes politiques, les deux amis ont de nombreuses affinités et points de vues identiques. Hommes de caractère, syndicalistes, les deux comparses s’engagent ensemble dans l’aventure municipale pour défendre « la classe laborieuse ». Léon Garbay, homme d’équipe en gare pour la Compagnie du Midi, devient secrétaire général du syndicat CGT des cheminots de Morcenx. En 1936, Léon Brouste succède au maire démissionnaire et fera élire trois adjoints dont Léon Garbay. Celui-ci restera adjoint jusqu’en 1973, date de sa brouille avec son « frère ». Dans son livre « Lorsque fleurit la rose », Marc Taris écrit : « on peut dire que, durant sa longue vie citoyenne, son émotivité naturelle se heurtera parfois à un certain autoritarisme républicain de son ami Léon Brouste ». Leur chemin se séparera définitivement (dans les larmes) pour de basses raisons politiciennes suite au congrès d’Epinay de 1971. Pour la longévité de sa vie élective (45 ans), Léon Garbay sera honoré dans l'Ordre National de la Légion d’Honneur avec la Croix de Chevalier sous la signature de François Mitterand.

Pendant la guerre (1941/1944), un maire et un conseil seront nommés par Vichy. Léon Brouste reprendra les rênes de la Mairie le 7 octobre 1944 après destitution des élus nommés et aura ainsi effectué pendant 35 ans, pas moins de 7 mandats municipaux (auxquels il faut ajouter celui de Conseiller général). Le successeur de Léon Brouste est Henri Scognamiglio dont le nom est également familier aux Morcenais. Nous évoquerons prochainement sa mandature.

C’est sous l’impulsion de Léon Brouste que s’installera la Centrale EDF créant environ 600 emplois et que sera créée la Distillerie nationale.

C’est sous l’impulsion de Léon Garbay que le conseil municipal votera le principe de la semaine de 40 heures pour les employés communaux et un congé annuel de 21 jours.