N°23 : GASTON BIREMON, VALEUREUX RÉSISTANT VICTIME D'UN TRAITRE
- La Nouvelle Morcenx
- 8 sept. 2024
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Dernière mise à jour : 17 sept. 2024

Septembre 1942. Morcenx. Gaston Biremon, marié, père de deux enfants, tombe sous les balles de ses camarades. Considéré à tort comme un un traître, le résistant, métayer gemmeur obtiendra finalement à titre posthume en 2014 le titre de « Mort pour la France ». Retour sur une histoire incroyable, une histoire de traîtrise et de méprise.
1939 : Gaston Biremon est secrétaire général de l’Union locale CGT de Morcenx. Il est mobilisé cette année là, fait prisonnier en 1940 et libéré en 1941 avec 2000 autres gemmeurs landais. À son retour de captivité, il s’engage dans la Résistance et devient responsable de la Résistance communiste sur le secteur de Morcenx-Sabres-Tartas. Cette activité l’oblige à s’absenter régulièrement sans en donner les raisons, y compris à sa propre famille. En 1942, l’occupant allemand est informé des activités du résistant. Il l’arrête puis le libère. Accusé à tort d’avoir trahi ses camarades, dont beaucoup seront fusillés ou emmenés en déportation, il sera pourchassé par la Résistance.
Le 29 août, se sachant menacé, Gaston Biremon quitte son domicile avec de faux papiers établis au nom de Barbier, et se rend à Sabres, sur la route probable des Charentes. C’est là qu’il est assassiné par ses « anciens » camarades, induits en erreur par des arrestations inexpliquées, une descente des feldgendarmes à la ferme sabraise, et une liste de noms de résistants qui a circulé.
En fait, le seul et véritable traître est Pierre-Louis Giret, ancien militant socialiste puis adhérent du PC, retourné par la Gestapo dont il devient un agent rémunéré (agent n°155 du K.D.S de Bordeaux, rémunéré 5000 francs par mois). Il arrive à Morcenx en 1942 pour infiltrer et faire arrêter les résistants communistes. C’est lui qui fournira à l’occupant, en un temps record de six mois, des listes de plus de 300 résistants habitant dans les Landes (environ une centaine), en Gironde et en Charente.
En 1938, il est chef de la section communiste de Sabres. En 1941, considéré comme un « militant communiste dangereux » il est surveillé de prêt alors qu’il gère désormais la propagande de la résistance à Bordeaux. Spontanément il collabore (ainsi que sa femme) avec l’occupant. Il est ensuite envoyé à Morcenx tandis que son épouse est retenue à Bordeaux par les Allemands, comme garante de sa bonne foi.
Le 26 août 1942, Giret remet un rapport complet sur toute l’organisation communiste clandestine landaise.
Le 4 septembre 1942, il tend une souricière à Morcenx, est arrêté par erreur par les gendarmes et relâché sur ordre des autorités allemandes. Il poursuivra sa « tâche » dans les Pyrénées-Atlantiques puis en Charente. Le 16 juin 1943, il est dénoncé comme traître sur Radio-Londres. Il sera déporté par les Allemands à Mauthausen (rendu responsable de jouer un triple jeu !). Il est libéré par les américains, prend un avion pour la France et disparait. Le traitre Giret est condamné à mort par contumace en janvier 1946. Il poursuit toutefois sa vie comme professeur à Aire-sur-Adour en 1955 puis comme antiquaire. Sa condamnation est prescrite en 1966. Il meurt à l’hôpital de Perpignan en 1985.
Deux ans auparavant, en 1983, suite à des révélations faites à sa famille, Gaston Biremon sera définitivement réhabilité aux yeux de tous. Jusqu’alors, témoignait sa fille Jeanette dans Sud-Ouest « Ça a été terrible pour nous à Morcenx. On nous montrait du doigt en disant qu’on était les enfants du traître. Nous, on ne savait rien, même pas s’il était mort. Certains savaient ce qu’il en était, je leur en ai beaucoup voulu ».
En 2014, l’Office national des anciens combattants (ONAC) décerne la mention « Mort pour la France » à Gaston Biremon, mettant ainsi fin à plus de 70 ans d’interrogation pour la famille sur les circonstances de ce véritable drame.
Son nom est apposé sur une plaque commémorative située à l’intérieur de la Bourse du Travail de Morcenx sur laquelle on peut lire : « En hommage à Gaston BIREMON (1910-1942) METAYER-GEMMEUR - Secrétaire de l’Union locale des Syndicats CGT de MORCENX - VALEUREUX RESISTANT victime des agissements d’un traître - N’oublions pas ».
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