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N°25 : REDÉCOUVRIR LA PLACE JEAN JAURÈS

Dernière mise à jour : 29 sept. 2024



L’endroit est ombragé. L’herbe est bien verte. Peu de monde s’attarde sur cette place centrale morcenaise qui mérite pourtant d’y passer un moment. Plusieurs bancs espacés sont disponibles pour s’y attarder. Nous sommes à quelques mètres de la grande allée principale, dans un carré de verdure qui permet de contempler plusieurs édifices : la médiathèque à l’allure moderne, l’église Saint-Vincent de Paul de style basilico-constantinienne et la maison d’inspiration arcachonaise le Ch’ti panier. Vous l’avez sans doute deviné, nous sommes sur la place Jean Jaurès (initialement appelée « place de l’église ») au coeur de « Morcenx la Rouge », expression bien connue des anciens pour qualifier ce bourg ouvrier, épicentre de nombreuses revendications sociales et politiques. D’ailleurs, baptiser la place du nom de l’illustre fondateur du Parti socialiste et du journal l’Humanité, rédacteur de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat n’est pas sans révéler la tendance politique de l’époque à Morcenx. Le pacifisme de l’Homme d’Etat et le réformisme de son action publique en a fait une cible idéale pour l’assassin nationaliste qui lui porta un coup fatal le 31 juillet 1914.

Une place Jean Jaurès à côté d’une église ? Logique.

Alexis Bétemps explique : « Jaurès était un croyant convaincu dont les conceptions religieuses, souvent mal comprises ou délibérément estompées, ouvrent une voie de réflexion originale et intéressante sur l’articulation entre le projet socialiste et la foi chrétienne ».

Sur cette place donne la médiathèque François Mitterrand, l’homme politique qui a prononcé la phrase devenue iconique : « Je crois aux forces de l’esprit ». Toujours aussi logique !

Observons ensuite l’église : elle a été dessinée en 1885 par l’architecte diocésain bordelais Louis Labbé, les travaux ont commencé en 1889 et elle fut consacrée en 1896. Son dôme est de style byzantin, la façade est plutôt d’inspiration néo-romane. Son clocher-porche ouvert en pierre de taille est coiffé d’une tour inspirée du roman poitevin et percée de nombreuses baies et ouvertures en plein cintre. La particularité de l’édifice : pour s’inscrire dans le prolongement visuel depuis la gare, l’église a été construite dans le sens inverse… Elle possède bien d’autres particularités sur lesquelles nous reviendrons en détail lors de sa visite.

Enfin, autre curiosité architecturale des lieux : le Ch’ti panier ou maison Naureils du nom de l’ancien maire de Morcenx nommé par Vichy entre 1941 et 1944 et nommé conseiller départemental en 1943. C’est sa femme née Taris qui a fait construire la maison pour son fils alors huissier de justice. Cette belle demeure fait partie d’un ensemble de constructions que l’on devrait à Jean Domangé, garde du domaine Impérial de Solférino, né à Morcenx en 1865. Des éléments identiques ornent les bâtiments : faîtière ornementées en épis, frontispices, fenêtres mansardées… La maison possédait deux cheminées, probablement coiffées de mitres ornementales provenant de l’atelier Séba (tuilerie dirigée par Isaac Séba, installée près de la gare avec un atelier de céramique - 1868/1917, par ailleurs premier exploitant du Buffet de la gare). Les grilles récentes en fer forgés ont remplacé une murette parée de briquettes rouges. Les dépendances abritaient le fournil, le chai et un lieu de stockage pour le jardin et la basse-cour. Pendant la guerre, la maison fut le siège de la Kommandatur des troupes allemandes d’occupation, 30 soldats y résidaient.

Jusqu’à la première guerre mondiale, cette place accueillait les arènes démontables pour les festivités à Morcenx. On y organisait des courses landaises avec de grands noms d’écarteurs (Mazzantini, Giovanni, Despouys, Guichmerre). Avant de l’aménager en square, les cirques ambulants s’installaient également sur cette place. Aujourd’hui elle accueille quelques rares manifestations publiques.

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