N°33 : EGLISE SAINT-VINCENT DE PAUL DE MORCENX
- La Nouvelle Morcenx
- 18 nov. 2024
- 3 min de lecture

Partie 1 : une fonction sociale assumée
Nous sommes en 321 après JC sous le règne du premier empereur chrétien Constantin. Ce dernier désigne le dimanche comme « jour du soleil » avant que cette appellation ne s’estompe pour devenir « jour du seigneur ». Nous sommes en 2024, un dimanche de novembre, en compagnie de Jacques, et allons découvrir une église d’inspiration constantinienne qui possède la particularité d’apprivoiser le soleil éclairant abondamment le coeur de l’édifice. Nous allons vous parler de l’église Saint-Vincent de Paul de Morcenx, d’une grande sobriété mais remarquable par sa symbolique.
L'église est construite dans le but de desservir le nouveau quartier de la gare, destiné à devenir le chef-lieu de la commune de Morcenx. Le projet est réalisé en 1885 par Jean-Louis Labbé (1847-1906), architecte diocésain de Bordeaux et élève de Paul Abadie. Il est modifié en 1888, et les travaux commencent dès 1889 pour s'achever vers 1895-1896. Cette église emprunte le style néo-roman qui se développe dans la deuxième moitié du XIXe siècle en France autour des architectes Emile Vaudremer et Paul Abadie. Ce mouvement témoigne d'un intérêt nouveau pour l'art roman et paléochrétien dont on réévalue les fondements, notamment via les découvertes des églises de Palestine. Ce mouvement trouvera son aboutissement dans les réalisations de Saint-Pierre de Montrouge (Vaudremer), le Sacré Coeur de Montmartre (Abadie), ou encore Sainte-Marie-de-la-Bastide du même architecte qui servit de modèle à l’église de Morcenx.
Nous sommes sous le clocher-porche, et observons au loin la gare. Entre les deux édifices s’étendent les allées prétoriennes de la cité idéale inspirées d’un camp romain. On pourrait aussi assimiler ce coeur de ville à une marelle qui conduirait de la gare (la terre) à l’église (le ciel). L’église remplit donc parfaitement sa fonction sociale d’accompagnement des fidèles de vie à trépas. Pour que l’ensemble architectural soit cohérent et offre une belle perspective, il a fallu construire l’entrée de l’église à l’inverse de la pratique habituelle. Notre bâtisseur a donc désorienté l’église en tournant le sanctuaire vers l’ouest avec une ouverture à l’Est. Elle est dite occidentée. Le clocher-porche ouvert (qui n’est pas de tradition landaise qui favorise plutôt le mur-clocher) en pierre de taille (probablement d’Angoulême), coiffé d’un toit semi-ovoïde en pierre inspirée du roman poitevin participe à la façade d’inspiration néo-romane percée de nombreuses baies et ouvertures en plein cintre (pour rappel, l’église de Morcenx-Bourg est d’inspiration néo-gothique avec des ouvertures en ogives). La façade porte une horloge qui était visible de loin avant que le kiosque à musique ne s’installe au coeur de la perspective.
Sous ce porche, nous pouvons admirer les magnifiques chapiteaux des colonnes avec de nombreuses représentations : des pignes de pin, des grappes de raisin, des feuilles à nervure perlée, des fleurs de lys, des rinceaux (motif ornemental en forme de branche recourbée munie de feuilles, pouvant être agrémentée de pousses, de fleurs, de fruits et utilisé surtout, sculpté ou peint, en architecture mais aussi dans différents arts décoratifs) dans les écoinçons des arcs (surface d’angle) et même une croix celtique à l’Ouest. Au centre du plafond, nous observons une ancienne ouverture destinée à faire passer la corde permettant de faire sonner les cloches manuellement. Pendant deux ans les cloches sont restées muettes… Quand on vous dit que c’est une église discrète… L’ensemble est soutenu par des contreforts d’angle talutés. Autre singularité de l’église : son plan allongé et non en forme de croix. Pour Jacques, « l’église est très folklorique par la diversité de ses styles mais elle est surtout pour moi le parfait exemple de l’église républicaine ». Pour justifier ce qualificatif original, l’amateur d’art et d’histoire nous invite à pénétrer dans l’édifice.
(à suivre)
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