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N°44 : GÉNÈSE D'UN FLEURON ÉCONOMIQUE LOCAL (épisode 2)


UNE CENTRALE TRENTENAIRE




C’est en janvier 1958 que les premières fondations sont réalisées pour supporter les bâtiments : une ossature métallique de plus de 6.000 tonnes est implantée avec 41.000 rivets et 100.000 boulons. La chaufferie (33 mètres de largeur et 70 mètres de longueur) est adossée à une salle des machines. A quelques mètres se situent les annexes : atelier électrique, magasins des pièces, bureaux, infirmerie, logements du personnel…


L’équipement de la centrale nécessite de lourds convois routiers et ferroviaires. A cette occasion, de nombreuses entreprises s’implantent dans le nouveau bassin économique. Comment fonctionne la centrale ? Le lignite brut est acheminé sur des tapis roulants (on voit encore les traces sur les photographies aériennes récentes) en direction du lieu de stockage à l’air libre (18.000 tonnes pour 40 heures de fonctionnement) appelé « le bunker ». Ensuite la matière, emportée par des roues-pelles, est séparée : on détecte les pièces métalliques, le bois fossile est déchiqueté. Reste le lignite qui est concassé puis transporté en direction du silo de la chaudière. La centrale thermique créée de la vapeur (540°C) qui génère de l’énergie mécanique transformée en électricité. Pour les passionnés de technique, une description complète est proposée par Philippe Soucieux dans son ouvrage « Arjuzanx : l’empreinte d’une centrale ».


On retiendra que pour prévenir la pollution atmosphérique, les cendres volantes rejetées par la cheminée font l’objet d’un dépoussiérage électrostatique. les cendres de foyers (mâchefers) sont récupérées et évacués vers un terril de stockage. L’électricité produite est transférée au poste de Cantegrit construit à proximité. Ce poste, toujours en activité, est en travaux aujourd’hui pour recevoir l’électricité produite par les énormes centrales photovoltaïques en développement sur le territoire. Sous la direction de Paul Turpin, le premier allumage de la chaudière se fait le 22 décembre 1959. Au cours des premières années, on rode la centrale, on effectue de nombreux réglages et on fait face à plusieurs incidents. Toutefois, la centrale s’agrandît : la seconde et troisième chaufferie se précise, on augmente les capacités de stockages. En 1964, la mine connait des difficultés de transport du lignite, la production électrique chute. On fait venir le lignite d’autres centrales pour augmenter la production qui atteint des records (1967 : 745 GWh).


Au cours des années suivantes, le prix de revient du lignite étant deux fois plus cher que celui du pétrole, on modifie l’exploitation, on mute plus d’une centaine d’agents (sur les 500). Avec la crise du pétrole, le lignite redevient une matière rentable. En 1977, la centrale connait une année record de production mais les installations souffrent et demandent une révision générale accroissent les frais d’entretien. Les années suivent et ne se ressemblent pas, la production varie au gré de la conjoncture économique. En 1982, l’effectif de 615 agents constituent également un record. De sérieux concurrents apparaissent dont la centrale nucléaire du Blayais… L’hiver 1984-1985 porte un coup à l’activité, interrompue en raison du froid. On évoque la possibilité de fermer le site. Le 27 mars 1987, le conseil d’administration d’EDF décide le retrait définitif de l’exploitation. La production se poursuit jusqu’en 1992 après un abandon progressif des sites et la réaffectation des agents.


Une dernière opération d’envergure consiste à démanteler la centrale. Avant de démolir les bâtiments vétustes mais surtout inesthétiques, il faut décontaminer les turbines et les chaudières calorifugées avec de l’amiante. Une zone de protection est installée avec une enceinte de confinement. Mille tonnes d’amiante sont retirées, stockées et rendues inertes (création de la société INERTAM à cette occasion). On dynamite les tours. Les bâtiments sont mis à terre avec une grue à boule.

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