N°45 : GÉNÈSE D'UN FLEURON ÉCONOMIQUE LOCAL (épisode 3)
- La Nouvelle Morcenx
- 16 févr.
- 3 min de lecture
UNE MINE AUX 32 MILLIONS DE TONNE DE LIGNITE

Durant son exploitation, la mine d’Arjuzanx a produit 32 millions de tonnes de lignite. Revenons sur les moyens mobilisés : bulldozers pour niveler et parfaire le nettoyage de la couche de lignite, tracteurs pour le ripage des transporteurs à bande, des pelles mécaniques et surtout des pompes pour épuiser les eaux d’infiltration. Des appareils géants sont également éparpillés sur le site comme par exemple l’engin de découverte, un excavateur sur chenilles muni d’une roue-pelle à 9 godets de 11m de diamètre contenant 900 litres chacun, qui permet de retirer les morts-terrains qui recouvrent la couche de lignite. Cette roue est installée au bout d’un bras de 38m. Les matériaux extraits sont évacués par un appareil de rejet appelé « sauterelle » placé à l’extrémité de l’engin installé sur plus de 90m et pesant au total 2800 tonnes. C’est la firme allemande Krupp qui assure le montage à l’aide de 50 ouvriers sous-traitants.
Interviennent ensuite des dragues à lignite : il s’agit d’excavateurs à chaine à godets comportant un couteau en acier très dur pour débiter les souches et le bois fossile. Les matières sont ensuite envoyées sur des transporteurs qui assurent la liaison avec la centrale. Ces engins épousent les pentes du terrain et sont constitués de bandes caoutchoutées d’un mètre sans fin supportées par des rouleaux montés sur une infrastructure. La vitesse moyenne est de 4m/seconde, soit 950t/heure. Ainsi, le lignite parcourt plusieurs centaines de mètres par ripage.
En mai 1957, les bulldozers coupent les chênes le long du Bez, évacuent les souches, détruisent les maisons (dont la tour Carreyre), détournent les ruisseaux et égalisent les terrains de la future exploitation avant de les clôturer. Une pré-tranchée est installée pour que l’engin de découverte puisse avancer. La zone retenue se situe en bordure de route aux abords de l’ancienne gare d’Arjuzanx. Le 31 août 1957, après avoir enlevé 210.000 tonnes de morts-terrains, la machine atteint le lignite. Pendant plusieurs mois les agents se familiarisent au maniement de l’engin. On considère qu’ils sont opérationnels à la mi-octobre mais doivent faire face à de nombreux problèmes, notamment la présence de boues trop liquides et du glissement et affaissement des talus.
Les ouvriers se rendent sur site à pieds pendant les premières années, puis à bord de véhicules adaptés surnommés « bétaillères ». Une route est créée en 1967.
L’engin de découverte est mis en maintenance, présentant de grandes fragilités. Ce n’est que le début des déboires techniques… On préfère donc rejeter les déblais en dehors de la zone d’extraction en supprimant la sauterelle et en envoyant les morts-terrains plus loin en arrière grâce à des bandes transporteuses larges d’1,80m. Les buttes formées sont plus basses et résistent mieux. Toutefois, dès que les intempéries s’imposent, la production ralentit considérablement. En 1972, on abandonne le gisement de Beylongue Nord (zone actuelle d’hivernage des grues dans la réserve naturelle, fermée au public) suite à de nombreuses déconvenues. Il faut trouver de nouveaux gisements. Ce sera sur la zone en direction de Menjuc. Tous les engins sont transférés non sans mal sur le nouvel emplacement. Il faut refaire une installation complète, créer des accès, découvrir le terrain avant d’atteindre le lignite. Ce dernier est de moins bonne qualité avec un pouvoir calorifique moindre.
En 1977, on arrête l’extraction sur cette zone et on se consacre désormais à « la tâche C » (emplacement actuel du Lac d’Arjuzanx ouvert au public). Après quelques mois d’exploitation, on rencontre les mêmes déconvenues : usure prématurée du matériel, coulées de boue…
En avril 1982, on abandonne ce site pour retourner dans la zone initiale, plus précisément à Beylongue-Sud. Nouveau déménagement des engins, construction de nouvelles lignes de rejet, création d’un plateau pour les morts-terrains. Les machines sont souvent en maintenance, l’hiver 84-85 avec -22° entraîne de nombreux incidents. En 1987, EDF décide de stopper l’extraction en février 1992. Commence ensuite un vaste plan de réhabilitation de l’ensemble des sites avec création de plans d’eau végétalisés ainsi que le financement de projets créateurs d’emplois dans le bassin morcenais.
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